Une vision de la catharsis
TGV Paris Lyon, 25 avril 2015.
La vie a un sens, ce sens est mystérieux.
On le nomme le mystère.
Le travail de l’art est de questionner ce mystère.La question c’est un conflit entre deux positions, un paradoxe.
Dans l’art du drame, l’artiste se met en quête de cette question. Lorsqu’il parvient à faire de cette question un objet de jeu et à le faire jouer, le faire avancer, on le nomme l’action ou drama en grec. Cette action est presque toujours cachée dans une histoire, une fable, un texte dont les circonstances, la composition animent le conflit.
Si l’artiste se contente de jouer l’histoire, il arrive parfois seulement qu’on entende le mystère mais cela dépend du hasard.
S’il interroge le mystère recouvert par l’histoire et qu’il met l’histoire au service du mystère, son art devient actif, le public devient actif.
Ensemble ils vivent l’expérience de la catharsis, une initiation, une ouverture.
Ensemble ils partent en quête, ils s’émeuvent, ils lâchent quelque chose, ils rencontrent le vide, puis ils renaissent dans le cœur du paradoxe, dans la croix ou le croisement des deux axes en conflit de la question, là où s’ouvre une fragile révélation comme un rai de lumière.
C’est ce rai de lumière qui motive le travail de l’art.
C’est ce rai de lumière qui attire les uns et les autres vers le théâtre.
C’est ainsi que l’art est un génie, un sorcier entre les hommes, la vie, la terre et le mystère.
Ce génie réveille l’homme sur le chemin de l’exode, il agite son sommeil comme le fait un rêve intense.
L’artiste qui s’engage sur cette voie sera honni du mondain, de la complaisance, de l’art pour l’art et de l’art pour soi mais en même temps il leur échappera, il en souffrira, il sera pauvre, il sera riche.
Pierre Heitz